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Derniers travaux

Le brouillard persistant

Olivier restera encore quelques semaines au chalet. Il faut ranger avant de partir, déclôturer le pâturage, démonter l’auvent de la terrasse, et puis bien sûr, déménager. Désormais, les travaux en extérieur se déroulent le plus souvent sous la pluie. Le thermomètre flirte avec des températures négatives, il n’est pas rare de voir les premiers flocons de neige se mêler à la pluie battante. Plus aucune cloche à vache ne résonne sur la montagne. Le brouillard devient de plus en plus persistant, et les sapins ne sont plus que de longues silhouettes sombres.

L’alpage en manœuvre

Des obus sur les alpages

Au loin dans la vallée, on entend des tirs de canon qui proviennent du village de Bière. Dès la désalpe terminée, les alpages du versant oriental du Jura deviennent un champ de manœuvres militaires. En cette période, il n’est pas rare de tomber dans les prés bois sur des véhicules blindés. Mais gare aux obus, qui certaines fois finissent leur course sur les pâturages…

Les tirs que l’on perçoit ne sont pas le seul fait des militaires. En octobre, les chasseurs investissent aussi la forêt. Les cloches, que l’on peut encore entendre sur l’alpage, sont celles des chiens qui s'égarent. Affamés et épuisés, ils viennent chercher refuge au chalet.

Autrefois, pour Olivier, "l’invasion des militaires" était l’occasion d’aller aider à la buvette du Mont Tendre. En soirée, cette dernière ne désemplissait pas de "troufions". Claude-Alain et Gardine, les anciens bergers de la buvette, faisaient la fermeture hivernale une fois les grandes manœuvres terminées.
Et vous pouvez me croire, il était souvent bien plus facile de canaliser un troupeau de cent génisses, qu’une bande de fêtards en uniformes lâchée en pleine montagne… Mais l’ambiance toujours bon enfant, faisait oublier que la saison touchait à sa fin…

L’époque lointaine de la pompe à main

Premières neiges

Ce matin, Olivier pompe dans le vide, le chalet n’est plus alimenté en eau. Après le démontage de la pompe à main, et la réparation des joints défectueux, le problème persiste. Dehors, il fait -2°, et des flocons virevoltent dans le brouillard. Cette nuit, les gelées ont dû endommager un raccord de la canalisation, il lui faut réparer de toute urgence.

Dans son imperméable trempé de pluie, Olivier inspecte la tuyauterie jusqu’à la citerne, rien d’anormal, aucune prise d’air…

Le ruissellement de l’eau résonne comme dans une caverne. Olivier descend prudemment, un à un les échelons de l’échelle. Au cœur de la citerne, le froid est encore plus intense, et le métal glacé mord ses doigts. Dans la pénombre, il cherche sa lampe de poche, au-dessus de lui la trappe ne laisse passer qu’un mince filet de lumière accompagné d'une pluie chargée de petits flocons. Bien accroché aux barreaux de l’échelle, la lampe dans une main, il explore de l'autre la canalisation, et découvre enfin le raccord défectueux.

Les doigts gelés autour d'une grosse clef anglaise, Olivier dévisse difficilement le premier boulon, puis le second. L’eau ruisselle sur son visage pendant qu’il place la nouvelle filasse sur le filetage du tuyau. Il ne peut s’empêcher de penser que les problèmes de plomberie seront son "cauchemar" de la journée : Après la pompe, il lui faudra se rendre en haut du pâturage et démonter l’abreuvoir pour le protéger des intempéries de l’hiver, puis faire de même avec celui de la source.
Seule consolation, au passage, il rendra visite à M’sieur Claude, et profitera d’un bon café bien au chaud dans la cuisine du chalet de Balens.

Heureusement pour Olivier, depuis l’installation de son nouveau réseau d’eau potable, les problèmes de pompe appartiennent au passé. Plus besoin de s’improviser plombier au moindre coup de gel.

Derniers jours

La descente des chèvres

Désormais, il peut partir quand il le veut, et c'est lui qui rend visite aux autres. Un passage chez les paysans de Mollens, à l'heure de la traite. C'est l'occasion de revoir ses protégées, celles qui étaient descendues plus tôt, pour cause de maternité, et de faire connaissance avec leur progéniture.

Lorsqu'il est de retour au Pré de Mollens, le feu qui n'a pas été alimenté s'est éteint depuis longtemps, et il fait un froid terrible. Petit à petit, l'idée qu'il est temps de partir devient une évidence.

Bientôt, la première neige persistante tombera, neige de montagne qui rend rapidement l'accès au chalet impossible, autrement qu'à skis de fond, ou en raquettes. Il est temps de retrouver la civilisation et d'y attendre confortablement les beaux jours. Mais au premier soleil, l'envie de remonter sera plus forte que tout...

Table d'orientation