Le travail
du Berger

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Cinq mois de vacances

Olivier est un travailleur saisonnier, employé au titre de berger, par le syndicat d'alpage du village de Mollens. Si les éleveurs sont obligés de tenir compte des réalités économiques, le berger n'a qu'une obligation : offrir aux bêtes, qui lui sont confiée, les meilleures conditions de vie possibles.

Les chèvres sont sa propriété, un accord avec le syndicat lui permet de les garder sur l’alpage. Le produit de son travail avec les caprins, lui revient intégralement, en plus d'être salarié il s'est aussi déclaré comme travailleur indépendant.

Olivier, travailleur saisonnier

Depuis la montée, Olivier est non seulement responsable du bon état sanitaire, et du bon état d’engraissement d’une centaine de bêtes ; mais il est aussi garant du bon fonctionnement du chalet, et de l’ensemble de l’alpage.

Les vacances alpestres de ces demoiselles ( les génisses), sont désormais confiées à sa surveillance. Durant 5 mois, ce sont ses capacités d’anticipation, et d’adaptation, qui seront sollicitées : Diagnostiquer et soigner les pathologies éventuelles, anticiper le comportement des animaux, gérer les herbages, et les aléas climatiques…

L’élevage de jeune bétail et la garde de vaches laitières sur des pâturages boisés, sont typiques de l’agriculture alpestre du Jura Vaudois. Traditionnellement, la propriété des alpages revient à la commune, la propriété privée ne concernant, encore de nos jours, que moins de 30 % des estives.

Premiers jours

On apprend à se connaître. Lorsqu'elles sont arrivées au chalet, les génisses ont été attachées dans l'étable, on leur a peint un numéro sur la robe. Si cette méthode peut sembler carcérale, elle est pourtant indispensable. Au bout de quelques jours, les chiffres s'effaceront, mais Olivier aura eu le temps d'apprendre à reconnaître chacune d'entre elles.

Le contrôle

Contrôle des génisses

Chaque jour, un berger doit s'assurer que le troupeau qui lui est confié est au complet, et en bonne santé. On appelle cela "le contrôle". Les premières semaines, l'herbe est abondante autour du chalet, et les génisses ne s'éloigneront pas. Il est alors aisé pour Olivier de les différencier. Les bovins sont des animaux sociables. Venant d'étables différentes, les génisses préfèrent rester avec celles auprès de qui elles ont toujours vécu, et il est rare que l'une d'entre elles renie sa famille d'origine.

Une caresse pour chacune

Olivier essaie de faire connaissance. Avec certaines, cela sera facile, avec d'autres, même en fin de saison, il sera tout juste possible de les effleurer. C'est aussi au cours des premiers jours que beaucoup reçoivent un surnom, qu'elles porteront toute la saison, en fonction de leurs physionomies, ou de leurs caractères, c'est ainsi que certaines deviennent "les chouchoutes".

De futures mamans

Naissance sur le pré de Mollens

La plupart des génisses ont été inséminées avant la montée, le travail d'Olivier consiste aussi à surveiller que leur grossesse se passe au mieux. Si lors d’un contrôle, il constate que l’une de ses protégées est de nouveau en chaleur (Très souvent, c’est le signe que la première insémination a échoué), après un temps de surveillance, il faudra procéder à une nouvelle insémination.

Beaucoup d'entre elles descendront avant la fin de la saison pour vêler. Olivier, espère toujours que des paysans oublieront la date, et qu'au moins un veau naîtra sur le pâturage… Parfois, ses espoirs sont comblés …

Les veaux

Veau à l'étable

Chaque année, une vingtaine de veaux montent à l’alpage. Ils ne partagent pas les mêmes parcs que leurs aînées. Plus fragiles, Olivier les rentre régulièrement aux écuries, et il en profite pour leur donner du foin, additionné de quelques compléments alimentaires. Ils font le ravissement des enfants et des randonneurs de passage.

Mais qui dit rentrer, dit nettoyage. Armé d’une pelle à fumier, d’un racloir, et d’une fourche, il faut sortir le fumier. Ce dernier est placé dans un tombereau, en attendant d’être épandu sur les pâtures. Après raclage du sol, et des écoulements à lisier, une nouvelle litière de paille est dispersée sur le plancher.

Tombereau : Charrette agricole pouvant être attelée à un véhicule. Sa particularité est que la caisse peut basculer vers l'arrière, pour en vider rapidement le chargement.
Par l'auteur

La saison avance

Abreuvoir

Les génisses ont pris possession des prés-bois. Les contrôles, qui s'effectuent à pied, demandent un peu plus de temps, sauf les matins, où elles se donnent rendez-vous derrière le chalet.
Ne pas oublier de remplir les abreuvoirs, et le sel ! Très important le sel, une vraie friandise pour nos gourmandes.
Pour une meilleure gestion des herbages, l’alpage de 100 hectares, est divisé en plusieurs pâtures. Avec les premières chaleurs de l'été, Olivier déplacera les génisses vers un parc plus vert.

Depuis plusieurs années, le réchauffement climatique se fait sentir. A ses débuts, il n’était pas rare de trouver encore quelques traces de neige au début du mois de juin. Aujourd’hui, rares sont les saisons ou les paysans ne sont pas dans l’obligation de monter des citernes d’eau, pour alimenter les abreuvoirs. Celles du chalet ne se remplissent pas toujours suffisamment ; les pluies, et les orages de saison, se font plus espacés. Il a même fallu creuser un grand bassin de rétention tout en haut du pâturage.

Génisses mises à l’isolement

Pour l’heure, quelques petits "accidents" prévisibles, et un seul vrai souci. Une mammite (inflammation de la mamelle), le vétérinaire est monté, la génisse a été mise à l’isolement, en compagnie d’une de ses "copines", pour qu’elles se tiennent compagnie. De cette manière, la malade ne s’affole pas d’être écartée de ses congénères. Elle a été soignée sur place, par injection d’antibiotiques, avant d’être redescendue au village. Olivier est vigilant, il sait que par nature, les génisses seront plus sensibles aux maladies, durant les semaines qui précéderont leur vêlage.

Une chance, que n’a pas eue un berger du côté du col du Marchairuz. Une génisse est tombée dans une laizine... La bête a été abattue sur place, et elle n'est sortie de là qu'avec l’aide de l’hélicoptère de «la Rega» (Garde aérienne suisse de sauvetage). Ici, tous les bergers redoutent l’accident fatal...

Laizines (Jura) : puits de lapiaz, crevasses, qui sont un approfondissement des fissures dans les roches calcaires et dolomitiques, qu'elles découpent en blocs.
Par l'auteur

le chalet du pré de Mollens