Un berger pour deux montagnes
Le pré de Ballens
Vu de la terrasse du chalet d'Olivier, le chalet du pré de Ballens (1 426 m), se niche au pied du versant Nord-est du Crêt de Mondisé (1 524 m), où il trouve une providentielle protection naturelle. Son alignement avec celui du pré de mollens, distant d'un petit kilomètre, suit l'axe d'un court plateau accidenté (chacun des deux chalets en marque l'une des extrémités), parallèle à la ligne de crêtes de la haute chaine du Mont Tendre. Derrière le chalet, en direction de l'ouest (avant d'obliquer plus au sud), le chemin qui contourne le Crêt de Mondisé, après le passage d'un mur en pierres sèches, relie l'alpage du pré de Ballens à celui du pré de Saint-Livres. Aussi menteur que la lune, comme son nom ne l'indique pas, l'alpage est rattaché à la commune de Berrolle.
Il en va de même pour Druchaux (1 550 m), qui, avec son chalet, et celui du pré de Ballens, recouvre deux montagnes, d'une superficie totale de presque 200 hectares, accueillant une moyenne de cent soixante dix génisses, confiées à la garde, et à l'entretien, d'un unique berger.
Déjà attestée en 1299, dans les temps passés, la commune de Ballens disposait du pré de Ballens, propriété du baron d'Aubonne, puis en 1777, elle fît l'acquisition de Druchaux. C'est certainement par les hasards de l'amodiation (acte par lequel une autorité publique, ou un particulier, concède pour une durée déterminée un bien ou un droit dont il est propriétaire, ou cas particulier un terrain agricole, à un tiers qui va l’exploiter), que les deux pâturages communaux changèrent de commune tutélaire au profit de Berrolle.
Dès 1208, toutes les montagnes comprises entre le mont Marchia (Marchairuz) et le mont Sallaz inclus dépendirent des barons Guerry d'Aubonne, en vertu d'un abergement à eux consenti par le recteur Berthold IV de Zaehringen. La possession devait s'étendre surtout sur le versant oriental de la chaîne. Les concessionnaires la sous-abergèrent à diverses communes de leur ressort (1299). Des chalets apparurent au Pré de Mollens, au Pré de Ballens, en Druchaux...
Auguste Piguet - LE CHENIT Tome I (1947)
Le chalet du pré de Ballens
Le chalet du pré de Ballens, n'est peut être pas un modèle de beauté architecturale jurassienne, mais il dénote d'une certaine originalité. Fait de tôles grises, son toit à trois pans, s'orne de deux longs chiens-assis, avant de former deux décrochements dans son prolongement, tandis que sa partie habitable s'entoure de deux étables (suivie d'une troisième sur son côté gauche). A la vue de ces quelques détails, il est permis de penser que son "architecte" ignorait les techniques locales de construction, ou du moins se situait en marge des traditions. Reste que sa face sud, avec sa terrasse protégée par l'avant-toit, et ses longues barrières en bois embellies par des agencements floraux, offre une agréable douceur bucolique.
Le chalet vue d'en haut
Vidéo d'Olivier le berger
Visite par les airs, du chalet d'alpage du pré de Ballens.
L'alpage de Druchaux
A l'extrémité ouest du pré de Ballens, un chemin en direction des crêtes, permet d'atteindre Druchaux (siège de la réserve naturelle du Creux d'Enfer), connue pour sa célèbre ouvala, tapissée d'un remarquable lapiaz, et de sa non moins célèbre glacière. A hauteur de son chalet, le panorama s'ouvre sur une vue grandiose, constituée d'une succession d'anticlinaux et de synclinaux, formant collines et forêts, et laissant entrevoir, la puissance des forces qui ont donné naissance au Jura. En arrière plan, soulignant encore plus cette agencement tectonique, le bassin lémanique, surplombé par le Mont Blanc, et la chaîne alpine, dégagent une impression de calme Olympien. Certains considèrent le chalet de Druchaux comme le plus long du jura, tant son plan s'étire, sur près de 40 mètres, du Sud-ouest au nord-est. Aujourd'hui, hélas, la bâtisse semble abandonnée des hommes, et son perron couvert d'un long avant toit, souffre des dommages du temps.
Le chalet de Druchaux
Vidéo d'Olivier le berger
Le chalet avec sa superbe vue sur le bassin lémanique et le Mont-Blanc. Un lieu à la géographie tourmentée (dolines, lapiaz...).